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Scaleway, OVHcloud… Le Cloud souverain français est-il une alternative crédible aux géants américains ?

Temps de lecture: 6 minute(s)
Signé de Valentine Sanchez
13 juin 2025

Guerre en Ukraine, tensions sino-américaines, durcissement du RGPD, AI Act… Le contexte international pousse la France à reprendre le contrôle sur sa souveraineté numérique. Les entreprises, elles, doivent repenser leurs choix d’infrastructure. Peut-on encore confier des données sensibles à AWS ou Azure ? Les Clouds français sont-ils à la hauteur, techniquement et économiquement ? Pour mettre du concret derrière ces interrogations, Tanguy Charon (DoNow) et Jiaqi Wang (Scaleway) ont animé, le 5 juin dernier, un webinaire comparatif. Services, sécurité, souveraineté, coût : voici ce qu’il faut en retenir.

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Cloud Souverain Webinaire

Le Cloud souverain français : une protection juridique, pas juste des serveurs en Europe

Le terme “Cloud souverain” est partout. Mais derrière les discours marketing, les définitions varient. Pour certains, c’est un simple hébergement en France. Pour d’autres, une conformité RGPD.

Mais dans ce webinaire, la ligne est nette : un Cloud n’est souverain que s’il est juridiquement hors de portée du Cloud Act américain.

Autrement dit : si votre fournisseur relève du droit américain, vos données peuvent être légalement consultées par les autorités US, même si elles sont stockées à Lyon, Francfort ou Varsovie.

Une contradiction directe avec le RGPD :

  • Le RGPD impose un consentement explicite pour tout traitement ou transfert de données personnelles.
  • Le Cloud Act, lui, permet une extraction sans notification ni accord préalable de l’utilisateur.

« On a une dépendance croissante, et énorme, aux technologies américaines » , constate Tanguy Charon, CEO de DoNow. « Nos compilateurs sont la plupart du temps américains, même nos méthodes de travail viennent des Américains. »

Pendant ce temps, les données sensibles (santé, justice, éducation, marchés publics) migrent toujours plus vers les hyperscalers. Et avec elles, un risque réel de violation de données.

Cloud Act : plus de 400 demandes d’accès à Microsoft en 6 mois

Entre janvier et juin 2024, Microsoft a reçu 419 demandes d’accès aux données personnelles de ses utilisateurs de la part des autorités américaines. Soit plus de deux requêtes par jour, visant des e-mails, des fichiers OneDrive ou des données de géolocalisation, sans aucune obligation d’en informer l’utilisateur concerné. Et ce chiffre ne concerne que 7 pays. À l’échelle mondiale, le volume réel pourrait être bien plus élevé.

Fonctionnalités, sécurité, compatibilité : les Clouds français sont-ils prêts à concurrencer les américains ?

Être souverain, c’est bien. Mais encore faut-il que l’infrastructure suive. On ne change pas de Cloud juste pour cocher une case. Il faut des services solides derrière : du Kubernetes, du stockage fiable, des outils de sécurité, un support disponible.

Sinon, la théorie reste belle… mais impraticable.

Pendant des années, les hyperscalers ont régné sans partage. Catalogues pléthoriques, innovations en rafale, intégrations “plug and play” avec tous les outils DevOps.

Mais aujourd’hui, les Clouds français gagnent du terrain. Les offres s’étoffent, les fonctionnalités s’alignent. « On voit qu’on est en train de rattraper notre retard », reconnaît Tanguy Charon. « Il y a des manques, mais on les comble. Rapidement. »

Et côté utilisateur, les attentes sont claires. 41 % des participants au webinaire ont déclaré qu’un Kubernetes managé était un service must-have, un indispensable à avoir s’ils décidaient de migrer.

Et on les comprend : migrer, ce n’est pas juste déplacer des fichiers. C’est tout un système à reconstruire : compute, stockage, sécurité, observabilité, IAM… Et surtout, à rendre interopérable avec les standards du marché (Terraform, CI/CD, Prometheus, etc.).

Une raison de plus pour comparer avec précision les différences de services entre les trois géants américains (AWS, Azure, GCP) et les deux pépites françaises (Scaleway et OVHcloud) : 

  • Kubernetes (auto-scaling, Cilium, SLA…)
  • Stockage objet (versioning, chiffrement, lifecycle)
  • Gestion des accès (IAM, secrets, RBAC)
  • Bases de données managées (PostgreSQL, sauvegardes automatiques)
  • Réseau et CDN (edge rules, HTTPS, coûts d’egress)

Spoiler : sur les fondamentaux, le Cloud français est non seulement crédible, mais déjà en capacité d’accueillir des workloads exigeants.

3 000 € d’écart à services comparables : le choc des factures

Passons au concret.
Moment fort du webinaire : l’analyse d’une facture Cloud US et sa simulation, ligne par ligne, sur un Cloud souverain.

Le point de départ : une facture AWS de février 2025, utilisée en production. Montant total : 11 054 €, pour une stack complète et représentative (compute, stockage, bases de données, Kubernetes, réseau) avec du trafic réel et des utilisateurs actifs.

Pour comparer, Jiaqi Wang, Cloud Architect chez Scaleway, a rejoué chaque poste de coût en direct… à la sauce Scaleway.

Le résultat ? 8 126 € côté Scaleway : soit près de 3 000 € d’économie à configuration équivalente.

À noter : les services GuardDuty et SecurityHub n’ont pas été inclus, faute d’équivalent managé côté Scaleway. L’objectif était de comparer ce qui existe réellement des deux côtés, sans extrapoler.

Et quand on regarde ligne par ligne, les écarts sont parfois vertigineux :

  • NAT Gateway : 800 € chez AWS, gratuit chez Scaleway. « C’est inclus par défaut dans notre offre », rappelle Jiaqi Wang.
  • Monitoring & logs : 875 € chez AWS. 4 € chez Scaleway.
  • Transfert de données : 748 € facturés à la sortie chez AWS, 0 € chez Scaleway. « On ne le changera pas, ça fait partie de nos valeurs », insiste Jiaqi Wang.

Migration souveraine : un virage stratégique, à ne pas prendre à la légère

Moins cher. Plus transparent. Moins exposé juridiquement.
Sur le papier, le Cloud souverain français a des arguments solides.

Mais attention : une migration ne se décide pas (que) sur un tableau Excel.

Tout dépend de votre stack actuelle, de votre niveau d’adhérence, et des services propriétaires que vous utilisez au quotidien.

Oui, vous pouvez faire des économies. Mais le ROI ne se limite pas à quelques milliers d’euros. Il faut aussi prendre en compte le temps, l’effort, les impacts sur les équipes et la stabilité de l’infra.

Pour vous aider à y voir clair, nous avons conçu un test rapide : 12 questions, 5 minutes, pour évaluer si une migration vers un Cloud souverain français est envisageable et dans quelles conditions elle peut réussir.

Et en bonus : vous recevrez le lien direct vers le fichier Excel où chaque service est détaillé, chiffres à l’appui.

test cloud souverain
Signé de Valentine Sanchez
13 juin 2025